Prise de fonctions.

Daniel venait d'être nommé à Paris. Le poste était prestigieux mais l'engorgement des tribunaux s'appliquait ici aussi. Il devait voir certains de ses collaborateurs et notamment Elisabeth Brochène et Loïck Cadiergues.

Autant couper court à toute tentative de "bienvenue" et de "devenons amis avec le patron", il avait décidé d'être très direct et attendait de pieds fermes ses subalternes.

Loïck arrivait vers le bureau de son nouveau supérieur, inquiet. L'homme était un membre éminent de la doctrine, excellent juriste, excellent orateur parait - il, il enseignait la procédure pénale.

Il avait lu beaucoup de ses articles... Mais un de ses amis, qui avait fait l'ENM avec lui, l'avait prévenu... Weber serait un sale type, prétentieux et désagréable !

Il priait pour que son ami lui ait fait une mauvaise blague.

Elisabeth elle terminait un recoupement d'information lui venant de la brigade pour y monter son procès. Elle arriva la robe de procureur un peu débrailler prise de court par cette convocation soudaine. Elle avait même son dossier a la main pris en coup de vent.

Elle avait entendu parler de ce type dans les journaux mais guère plus. Elle arriva et rencontra Loïck avant d'entrer dans le bureau.

Bonjour, plutôt matinal celui là !

Oui, j'ai remarqué. grogna Loïck, qui finissait d'un café, ses filles avaient pleuré la nuit. Il avait fait un effort pour avoir l'air présentable, seulement parce - que ce nouveau patron les avait convoqué. Il reprit, d'un ton plus amical : Sérieusement, j'ai un ami juge d'instruction qui a bossé avec lui et m'a dit que c'était et je cite, un sale type. Je ne suis pas trop porté sur les rumeurs, mais je me méfie des gens aussi matinaux. Et puis, je trouve ça bizarre qu'il nous convoque comme ça, maintenant.

Vous, vous avez passé une mauvaise nuit, je me trompe ?

Il paraissait assez impressionnant d'après ce que j'en ai lu dans les journaux. Oui je me suis quand même un peu renseigné.

Je suis porté sur les rumeurs. Mais je les analyses avant de juger. Cela dit c'est pas très commode comme convocation !

En plus j'ai une audience et je n'ai même pas eu le temps de me changer correctement et de préparer mon dossier c'était bien le moment !

Flûte j'ai pas réussi à cacher mon air de jeune papa jeté un bas du lit à intervalles réguliers ? Il va me bouffer, c'est sûr !

Oui, j'ai lu certains de ses articles dans les revues juridiques, il a l'air très bon comme juriste et pas le genre contre le lequel j'ai envie de me battre...

Oh oui, à cette heure - ci... En plus, j'ai des affaires par - dessus la tête, ce n'est pas le moment.

Au moins, vous n'avez pas l'air de manquer de sommeil.

Non, j'ai été mère bien avant que vous et Marie ne deveniez parent. Alors je pense être assez caler sur le sujet. L'idéal serait que vous intervertisez. Un coup c'est vous, un coup c'est Marie. Vous réussirez au moins à dormir deux heures d'affilé !

Exactement quoi que j'aime bien les défis ! plaisanta Elisabeth.

Au moins on peut se dire que ce sera fait comme ça !

Non ça va ma fille est chez son père ! J'ai eu la nuit pour moi et pas un bruit dans la maison. Ca faisait longtemps que ça n'était pas arrivé.

C'est pas bête, ce que vous dites, nous on a essayé le "une nuit toi, une nuit moi" et là c'était ma nuit. Mauvais timing. Mais on va tester votre technique.

Moi aussi, en fait, une fois que la magie de la caféine a fait son effet !

Exactement.

Veinarde !

Il regarda sa montre, c'était l'heure. Après un regard mi septique, mi amusé, à Elisabeth, il toqua à la porte, pour ne pas que les procureurs soient taxés de retardataires le premier jour. Ca lui donnait l'impression d'être à une rentrée scolaire, où on veut faire bonne impression sur le prof principal !

ça peut fonctionner aussi mais je pense que c'est plus fatiguant parce à l'âge des jumelles c'est comme si vous faisiez nuit blanche un jour sur deux !

Et je ne suis pas quelqu'un qui se laisse marcher sur les pieds au contraire je suis une femme mais une grande gueule on va dire !

Je les ai vécu avant les nuits difficile, a votre tour !

Oui, exactement ! Ca commence à fatiguer, on se doutait que notre méthode était à changer. Surtout pour quand Marie reprendra le travail aussi, en plus, elle n'aura plus d'autre moment que la nuit pour se reposer.

Ok, vu mes réflexes et la nuit que j'ai passée, si vous finissez à vous jeter des objets à la figure le premier jour, j'appelle la sécurité, je n'essaierai même pas de vous séparer !

Bien sûr, il plaisantait.

En effet et en plus, j'adore m'occuper d'elles, même la nuit.

Ils s'entendirent inviter à entrer quand le procureur toqua à la porte.

Oui c'est vrai vous allez devoir mieux vous organisez mais vous apprenez !

Je vous rassure je sais me tenir !

Il faudra que je passe les voir un moment.

Daniel entendit qu'on frappait à sa porte et sût qui s'était. Il ordonna d'entrer. Sa voix était plutôt grave, très utile quand les micros dans les amphi ne fonctionnaient pas, lors des cours.

Sa fille commençait dans son nouveau lycée aujourd'hui et il n'était pas à 100% sûr qu'elle lui ait totalement pardonné qu'ils aient eu à déménager à cause de sa nomination ici. Lui et Juliette ne restaient jamais fâchés longtemps, mais ça ne lui faisait pas plaisir.

En plus, Cadiergues comme Brochène étaient relativement jeunes, apparemment idéalistes, si on se référait à leur façon de traiter les affaires et plus, ils avaient pas mal de dossiers à traiter, autant leur rappeler de se dépêcher. Clairement, il n'était pas son prédécesseur, qui laissait plus de marge.

Loïck répondit à Elisabeth que lui et Marie seraient contents qu'elle vienne voir les filles et ils entrèrent.

Quand Weber les vit entrer, il repéra l'air endormi de l'homme et le fait que la femme avait l'air d'avoir couru pour arriver à l'heure.

HJ : J'ai mis lycée, la fille d'Elisabeth est lycéenne (enfin dans les épisodes que j'ai vus elle était bien ado je crois, comme leurs filles sont sensées finir par se connaitre, c'est plus logiques qu'elles aient le même âge et vu l'âge du personnage, Juliette ne peut pas être trop jeune). Sinon, j'y vais, je dois me lever demain ^^ !

Elisabeth lança un regard perplexe à Loïck avant qu'ils n'entrent.

C'est parie !

Ils arrivèrent dans le large bureau.

Bonjour, Elisabeth Brochène, premier substitut du procureur de la république !se présenta-t-elle se doutant que Loïck allait faire de même.

Loïck fit de même, effectivement, au nom de la courtoisie.

Oui, bonjour, Daniel Weber, je suis le nouveau procureur général. M. Cadiergues, on voit sur votre dossier que vous êtes de retour de votre congé paternité, alors soit donnez - vous le mal d'avoir l'air réveillé, soit prenez un congé parental d'éducation.

C'était vache, lui - même le savait. En plus, Daniel avait eu cette tête - là aussi, ayant lui - même deux enfants, ce que personne dans son dernier entourage professionnel n'avait su.

Quant à vous, Lombard est en vacances et a eu la très bonne idée de réserver un train de dernière minute qui a été annulé, ce qui fait qu'évidemment, il ne sera pas là à l'heure pour une audience importante.

Il donna à Elisabeth un dossier.

Vous avez trois heures devant vous, un peu moins, puisqu'il me semble que vous avez une autre audience. Ses notes étaient complètes, les avoir à l'esprit devrait suffire.

Loïck sentit un élan de colère à la première affirmation de son nouveau patron et, heureusement, n'était pas un grand colérique qui aurait répondu tout de suite de façon grossière. Il se contenta d'un ferme :

Je suis parfaitement réveillé et capable de travailler. Le reste relève de mes choix privés, si j'avais l'impression d'être un danger pour le ministère public, je réfléchirai au congé parental d'éducation.

La réponse visait uniquement à établir que paternité ou non, il restait dévoué à son travail. Mais il aurait adoré être plus malpoli et direct que ça.

Elisabeth resta estomaqué.

Vous plaisantez où quoi !? Malgré tout le respect que je vous dois mr le procureur général. Une audience sur un dossier que je ne connais pas dans à peine trois heures c'est impensable ! Vous pensez à l'opinion public et aux critiques ! J'aurais à peine le temps de le lire, je serais même peut être encore en audience à ce moment là !

La réponse voulait que ce soit Claire. Il n'était pas des machines où des exploitant. S'il voulait Qu'Elisabeth soit aimable, il allait devoir revoir son jugement sur ses subalternes.

Si vous êtes capable de travailler, Mr Cadiergues, rattrapez un peu votre retard en matière de procès verbaux à transmettre et de réquisitoires.

Loïck ne pouvait pas nier qu'il n'était pas en avance, mais c'était comme tout le monde, trop de dossiers et pas assez de monde disponible.

Malheureusement, je ne plaisante pas, sachez que je n'ai pas pour habitude de le faire. Demandez un report d'audience, dans ce cas, mais préparez, au cas où le juge refuse, ce qui pourrait arriver, il a déjà dû décaler parce - que l'accusé voulait un avocat marseillais. Réputé, d'ailleurs et efficace. Tâchez de l'être aussi.

Je le serais ! dit Elisabeth qui l'avait mauvaise ! Et je demanderais un report d'audience et je peux vous assure mr le procureur général, qu'il acceptera, je suis quelqu'un de très persuasive ! dit elle sechement.

J'espère que le juge pensera la même chose et sera persuadé, dans ce cas. La bonne nouvelle, c'est que si vous parvenez à faire reporter l'audience, vous n'hériterez pas du dossier, j'ose croire que Lombard trouvera un train d'ici là.

Par contre, ce dernier risquait d'entendre "causer du pays", quand il lui passerait sous la main. Quel genre de procureur qui avait une audience vers 11h du matin réservait un train qui le ferait arriver aussi limite pour quelque chose d'aussi important, surtout quand on considérait que la SNCF n'était pas toujours fiable ? La négligence n'était pas tolérée, en plus d'une image à défendre, le ministère public avait de sérieuses responsabilités, il était question de parvenir à la condamnation de quelqu'un qui avait commis des faits graves.

C'est un test ?

Elle le trouvait incroyablement culotté et incroyablement gonflé.

Non, simplement une observation : si nous pouvons faire en sorte que le procureur qui a suivi l'affaire puisse la conclure, plutôt que quelqu'un qui vient d'avoir le dossier en main, je crois que personne ne s'en portera pas plus mal.

En même temps, il était clair que Daniel garderait un oeil sur les résultats de ses subalternes, mais pas juste de ces deux - là, de tous.

Sur ce point je vous suis !!!

Elle sentait qu'il comptait les fliquer et elle n'aimait pas ça du tout !

Je pense que c'est le seul point commun entre nous et les avocats commis d'office.

Ces derniers héritaient toujours pèle - mêles d'affaires 5 minutes avant les moments cruciaux de la procédure. Mais il était tellement naturellement froid que ça ne donnait pas envie de débattre avec lui.

Sur ce, retournez travailler.

*L'enflure !*

J'y retourne ! Elle ne dit rien d'autre sans n'en valait pas la peine.

Moi aussi. Au revoir.

**L'espèce de sale...**

Il s'auto - censura et sorti, avec Elisabeth, explosant à l'extérieur.

Mais c'est quoi ce type !? Sale con, excusez - moi. Il n'a pas eu de gosses ou quoi ? Sérieusement, si c'est ce que vous les femmes ressentez à chaque fois que vous revenez travailler après un congé maternité, je vais devenir le plus grand défenseur du droit à l'égalité homme/femme. Et ce coup de vous balancer un dossier...

Ce qui embêtait surtout Loïck était de presque s'être fait traiter d'incompétent. Il aimait beaucoup son travail et y était très dévoué.

Prise de fonctions.

Prise de fonctions.

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